Confusion entre mots voisins Règle d'orthographe Sémantique Deuxième ou second ? Après en Avignon ou à Avignon ?, un ou une après-midi ?, par contre ou en revanche ?, voici une nouvelle question qui divise les passionnés de langue française : doit-on dire « deuxième » ou « second » ? Ces deux mots, qui sont de parfaits synonymes, s’emploient indifféremment, avec la bénédiction de l’Académie française. Mais alors, toute distinction entre les deux termes est-elle toujours superflue ou parfois utile ? Évaluer mon niveau Pour progresser en français, faites le test ! Lancer l’évaluation On vous explique « Deuxième » et « second » ont au moins trois points communs : ils ont la même nature : ce sont des adjectifs numéraux ordinaux, qui indiquent un ordre, un classement, par opposition aux adjectifs numéraux cardinaux comme « deux », qui expriment une quantité ; ils sont presque nés à la même époque. « Second » date du XIIIe siècle, « deuxième » du XIVe siècle. « Second » est donc apparu… le premier ! Sans compter qu’il a fallu plusieurs siècles à « deuxième » pour s’imposer ; ils ont exactement le même sens : « qui vient immédiatement après le premier ». La tradition veut qu’on emploie « deuxième » lorsque l’énumération peut aller au-delà de deux, et « second » lorsque l’énumération s’arrête à deux. Cette distinction n’est pas toujours observée et certains écrivent indifféremment « deuxième » ou « second ». Même l’Académie française la juge infondée. Ainsi, la SNCF utilise à la fois « seconde classe » et « deuxième classe » même s’il n’y a pas de « troisième » classe et que la deuxième classe désigne un niveau de hiérarchie militaire (un soldat de deuxième classe). À l’inverse, au lycée, il est question de la « classe de seconde », qui pourtant se situe entre la troisième et la première. Enfin, sur le Tour de France, Raymond Poulidor était surnommé « l’éternel second » alors qu’il n’y avait, fort heureusement, pas que deux coureurs en compétition ! Sans contester l’autorité de l’Institution, il faut bien admettre que, dans certains cas, la distinction peut s’avérer utile car elle apporte un complément d’information. Avis de l'expert Sandrine Campese Auteure et rédactrice indépendante Voici deux exemples simples pour vous convaincre de l’intérêt d’employer « second » plutôt que « deuxième » : dire que Marguerite de France était la seconde femme d’Édouard 1er nous indique que le roi d’Angleterre n’en a pas épousé une troisième. Pratique, non ? de même, on a coutume de parler de la « Seconde Guerre mondiale » plutôt que de la « Deuxième Guerre mondiale » – ce qui supposerait que la prochaine est imminente ! Déjà qu’on appelait la première « la der des ders »… Ici, « second » a clairement choisi son camp : l’optimisme. L’Académie française est formelle : l’unique différence d’emploi entre « deuxième » et « second » est que « second » appartient aujourd’hui à la langue soignée. Il y a quand même quelques exceptions : seul « deuxième » entre dans la formation des ordinaux complexes (vingt-deuxième, etc.), tandis que « second » est réservé aux expressions et aux locutions comme « second choix », « seconde chance », « seconde main », « seconde nature », etc., et dans des emplois substantivés : le second du navire. Avant de nous quitter, une petite énigme pour la route ! Lors d’une course de vélo, vous doublez le deuxième. À quelle position vous retrouvez-vous ? … Deuxième bien sûr !